Créer des lieux insolites dans des espaces vacants.
Oriane Le Roy Liberge
Sully Immobilier
À travers l’exemple du Masséna, nous allons explorer un exemple d’urbanisme transitoire à Orléans. Ce sera l’occasion de revenir sur l’origine, les enjeux, les victoires et les freins rencontrés dans le développement de ce projet. C’est parti !
Un peu d'histoire ...
Depuis déjà quelques années Oriane Leroy Liberge voulait utiliser les locaux inoccupés pour en créer des habitats temporaires pour les personnes en précarité.
En 2020, Sully Immobilier possède la Masséna, un ancien immeuble de bureaux de 2800 m² situé 112 bis rue Faubourg Saint Jean à Orléans (45). Ce bâtiment est destiné à changer de destination et à devenir des logements modernes. Réaliser un tel projet n’est pas immédiat : il faut réaliser des études de conception, déposer un permis de construire et débuter la commercialisation des logements avant de pouvoir commencer les travaux. A ceci s’ajoutent quelques rebondissements administratifs et ainsi le bâtiment ne sera pas occupé pendant 1 an et demi.
De son côté, le Moule à Gaufres cherche un lieu pour étendre ses locaux.
Oriane et Benjamin se rencontrent par un heureux hasard et ils se lancent ensemble dans ce projet d’urbanisme transitoire.
Auparavant logés au 6 bis rue Croix de Bois les résidents du Moule à Gaufres déménagent alors 122 bis rue Faubourg Saint-Jean toujours à Orléans. Un passage de 350 m² à 2800 m² qui leur a permis d’accueillir davantage de résidents mais aussi d’élaborer une programmation culturelle.
Dans ce lieu s’est alors mêlé espace de coworking, conférences, animations culturelles, marché de Noël de créateurs, expositions et guinguettes pendant 1 an et demi.
Aujourd’hui l’immeuble est en commercialisation et se prépare à démarrer ses travaux de rénovation pour devenir des logements.
Pourquoi on l'aime ce projet ?
Ce lieu atypique a permis de créer des liens entre des personnes qui auraient sinon été isolées. Des personnes de secteurs d’activités complètement différents s’y sont rencontrées et ont fait naître de nouveaux projets en testant leurs idées.
Une expérience inédite pour Oriane et Sully Immobilier qui véhicule des valeurs d’entraide et de solidarité.
Quelques clés de réussite
Pour assurer le succès de cette expérience, une question devait être abordée avant son démarrage :
- Dans quel état Sully Immobilier allait pouvoir récupérer son bâtiment après 1 an et demi d’occupation ?
Après tout, personne n’a envie de perdre ses investissements immobiliers.
Un cadre contractuel a donc été créé pour conserver des parties du bâtiment pour le rendre dans un bon état à la fin du bail. Il faut trouver un compromis pour laisser une liberté d’expression artistique aux résidents. Au bout de l’année et demi d’occupation, un coup de peinture a été demandé.
A noter que les contraintes ne seront pas les mêmes en fonction des bâtiments mis à disposition. Nous pouvons imaginer des conventions empêchant les locataires de peindre certains murs, ou certaines moulures en bois que le propriétaire souhaite absolument préserver.
Une sensibilité artistique à cultiver
Malgré le cadre fixé entre les parties prenantes permettant de préserver le patrimoine, la sensibilité artistique des décisionnaires joue dans le développement du projet. De nombreuses fresques ont été réalisées par les résidents. Mais certaines de ces œuvres sont tout autant applaudies que considérées rupestres.
- Pourquoi l’art urbain n’est il pas considéré comme un art noble par tous ? Pourquoi omettre toute suite l’idée de préserver les œuvres créées lors de l’occupation provisoire dans le cadre des travaux de réaménagement ?
- Comment faire pour ouvrir les portes des locaux inoccupés aux artistes ?
- Qu’est ce qui est légalement possible de faire dans l’espace public ?
- Quels sont les choix politiques de la ville vis-à-vis de l’inoccupation de leurs locaux ?
Autant de questions abordées lors de cette première édition des laboratoires qui permettront d’en animer davantage.
Si vous êtes intéressés pour suivre les réflexions autour de ces questions les inscriptions sont juste ici.
Si la place de l’art au sein de la ville vous interroge, vous pouvez aussi nous rejoindre lors des laboratoires sur la transformation d’Orléans en métropole créative.
Des freins à lever pour démultiplier la démarche
Avant que la Masséna devienne un espace de coworking, Oriane avait voulu créer des hébergements temporaires pour des personnes en précarité. Mais malgré des démarches établies dans ce sens, le projet n’a pas pu donner suite.Pour adapter ces locaux, il manquait des sanitaires et des douches pour s’installer dans ce lieu. Les travaux avaient été estimés trop onéreux par les structures consultées.
- Alors comment limiter le coût des travaux d’aménagement et de remise à neuf pour faciliter l’appropriation des lieux et la naissance de projets solidaires ?
Actuellement se déroule la phase de commercialisation du Masséna par Sully Immobilier. En plus du contexte immobilier qui est compliqué en ce moment, il a été noté qu’il est difficile pour les futurs propriétaires de se projeter au sein du lieu et de s’imaginer y habiter. C’est vrai qu’il peut être difficile de se projeter quand un vélo est installé dans une jardinière ou quand certains murs sont encore décorés.
Quels sont les prochains projets ?
Un nouveau projet d’occupation temporaire se dessine à St Jean de la Ruelle. Six mois qui pourraient permettre à des artistes loirétains de tester leurs œuvres dans un grand espace. Six mois qui pourraient permettre aux loirétains de découvrir de nouveaux quartiers sous un autre angle grâce à des artistes locaux. A suivre donc….
On reste en contact ?
Pour être au courant des nouvelles éditions du laboratoire et des nouveaux projets qui l’entourent, vous pouvez cliquer juste ici.
Pour poser une question, proposer un sujet, un intervenant ou une activité, vous pouvez aussi nous envoyer un mail à leslaboratoires@lemouleagaufres.com, on se fera un plaisir de vous répondre.